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Permaculture : comment améliorer mon sol ?

Publié le 27 déc. 2018

Inspirée de l’observation de la nature, la permaculture a de quoi séduire plus d’un jardinier. Ce type de jardinage se révèle en effet beaucoup moins laborieux pour des résultats qualitativement et quantitativement souvent bien meilleurs !

Inspirée de l’observation de la nature, la permaculture a de quoi séduire plus d’un jardinier. Ce type de jardinage se révèle en effet beaucoup moins laborieux pour des résultats qualitativement et quantitativement souvent bien meilleurs !


Comment préparer un sol à la permaculture ?

Permaculture

Travailler la terre le moins possible

En observant la nature et notamment les forêts, les scientifiques ont constaté que les graines produites par les arbres tombent au sol, germent et s’enracinent facilement sans aide extérieur. Cela s’explique grâce à la qualité du sol des forêts qui est très souvent riche et fertile. Il est composé d’humus qui est produit par la dégradation naturelle des déchets des végétaux et des déchets des animaux.

C’est un sol vivant renfermant une microfaune extrêmement variée : bactéries, champignons, algues, nématodes, vers de terre, collamboles, pseudo scorpions, etc. Ce sont ces organismes qui transforment les déchets en humus et donc en matière nutritive assimilable par les plantes. Sans eux les plantes ne pourraient se nourrir. Le rôle de cette microfaune est donc primordial.

Or, dans 100 grammes de terre il y a plusieurs milliards de ces organismes, et leur grande majorité se trouve près de la surface. Plus on descend profond plus leur nombre diminue. Ainsi on en trouve environ 10 milliards pour 100gr à 5cm de profondeur. Ce sont des organismes aérobies, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’oxygène pour vivre. A 1 mètre de profondeur, vous n’en trouverez plus que 0.2 milliards pour 100gr. Cette fois-ci ce sont des organismes anaérobies, qui n’ont pas besoin d’oxygène pour vivre.

Donc lorsque vous labourez, ou retournez un sol, vous enterrez les micro-organismes de surface, qui vont donc mourir et ne plus jouer leur rôle de dégradation de la matière organique. Idem pour les micro-organismes de profondeur qui vont mourir en se retrouvant en surface et qui ne pourront donc ne pas non plus jouer leur rôle de dégradation.

Permaculture

Prenons l’exemple des champignons : ils sont tous aérobies et ne peuvent donc pas se développer s’ils sont enfouis. Or leur rôle est primordial et les interactions fantastiques qu’ils ont avec les végétaux commencent tout juste à être découvertes. Ils vivent très souvent en symbiose avec les plantes les aidant, par exemple, à trouver de l’eau en cas de sécheresse ou à se défendre de certains bios agresseurs.

De nombreuses pratiques agricoles et de jardinage nuisent à la vie du sol et peuvent même finir par le rendre stérile. En permaculture le travail profond du sol, et le labour notamment, sont à proscrire car :

- Il expose à l’air, au froid et à la sécheresse et donc tue de nombreux micro-organismes et animaux qui participent à la fertilité du sol.
- Il fait remonter aussi des milliers de graines d’herbes indésirables en dormance qui ne demandent qu’un peu de lumière pour germer en masse.
- La terre s’appauvrit et se couvre de plantes indésirables au détriment des cultures.
- Elle nécessite alors plus d’engrais, de désherbage et de travail.

Il est temps de briser ce cercle vicieux !

préparer sol permaculture

© Philippe Giraud / Biosphoto

Préparer le sol pour commencer la permaculture

Lorsque vous démarrez en permaculture, il faut préparer le sol une bonne fois pour toutes (ou presque !). S’il est nu ou couvert par quelques herbes indésirables annuelles ou vivaces, décompactez-le sans le retourner avec une grelinette (appelée aussi tarabate, biofourche ou aérofourche) ou une rotogriffe.

Astuce : vous pouvez poser des épaisseurs de cartons en automne pour faciliter ce travail pendant l’hiver. Cela affaiblit les mauvaises herbes par privation de lumière. Attention il faut utiliser du carton brut c’est-à-dire ni coloré, ni recouvert d’impressions.

Le paillage de carton va aussi attirer les vers de terre et autres micro-organismes qui vont venir grignoter la cellulose. Leurs allées et venues vont décompacter et aérer le sol. Vous aurez donc dès le début du printemps un sol vivant, aéré et facile à travailler.

Si la nature a vraiment repris ses droits, que le sol est couvert de plantes indésirables et que les premiers centimètres de sol sont le siège de nombreuses racines enchevêtrées (comme celles d’orties par exemple). Décompactez avec une grelinette. Cassez les mottes avec un croc à fumier ou une griffe et retirez un maximum de racines. Affinez le travail avec un râteau.

Améliorer son sol avec le paillage organique

Une fois préparé pour la permaculture, et à l’image de la nature, le sol ne doit par la suite jamais être nu. Une condition essentielle pour le maintenir vivant et fertile ! Le paillage (ou le mulch) est alors un excellent moyen de couvrir le sol, mais aussi de l’améliorer.

Définition et avantages du paillage en permaculture

Le paillage consiste à couvrir le sol avec des matériaux organiques :

- Il protège le sol des intempéries qui le lessivent, et des écarts de températures.
- Il réduit les besoins en arrosage en limitant l’évaporation.
- Il enrichit le sol en humus en se décomposant.
- Il favorise la présence des insectes auxiliaires comme les vers de terre dont les galeries améliorent l’aération du sol.

Le mulch (le mot anglais pour paillage) offre un objectif plus pérenne ; il consiste à couvrir le sol avec des matériaux organiques renouvelés régulièrement dans le but d’améliorer sa fertilité.

Pierre-Adrien
mulch

De quoi est composé le paillage ?

Le principe du paillage en permaculture est de réemployer au maximum les matériaux présents au jardin tels que :

- Les tontes de gazon qui sont riches en azote
- Les déchets de désherbage du jardin, riches en azote eux aussi (ne pas mettre les plantes qui sont montées à fleurs ou en graines)
- Les feuilles mortes qui vont apporter de la matière carbonée. Attention aux feuilles épaisses (magnolia grandiflora) qui se dégradent mal, ou riche en tannins (chêne). Attention aussi à ne pas utiliser les feuilles des végétaux sensibles aux maladies (rosiers ou fruitiers par exemple)
- Le foin riche en azote ou la paille riche en carbone
- Le BRF (bois raméal fragmenté) apportant du carbone au départ puis de l’azote une fois composté. En broyant finement vos déchets de tailles vous obtenez un bon BRF. Evitez là aussi d’utiliser le bois des végétaux sensibles aux maladies

L’achat de paillis dans le commerce peut néanmoins pallier un manque de matériaux « maison ». À noter : si vous cultivez sur votre balcon, pensez également à pailler vos pots et jardinières !

- Il améliore la fertilité et la nature du sol durablement en libérant ses bienfaits progressivement.
- Il améliore la structure du sol
- Il permet une meilleure perméabilité de l’eau et de l’air (notamment dans les sols argileux)
- Il offre une meilleure rétention d’eau (notamment dans les sols sableux)
- Il apporte des substances nutritives
- Il corrige l’acidité d’un sol
- Il augmente la biodiversité et l’activité biologique
- Il limite le développement des agents pathogènes
- Il favorise les relations symbiotiques (liens bénéfiques entre plantes, micro faune, bactéries et champignons)

Le seul équipement nécessaire est un composteur, à fabriquer soi-même pour les plus bricoleurs, ou à acheter en magasin. Il existe de nombreux modèles de composteurs, adaptés à tous les besoins et toutes les surfaces, même les plus petites :

Le bac à compost classique : en bois ou en plastique, de 200 à 900 L selon les besoins

Le composteur de cuisine : plus compact et idéal pour composter même en appartement.

Le lombricomposteur : qui se sert de l’action des vers pour accélérer la décomposition des déchets.

À noter : le temps pour fabriquer un bon compost est variable en fonction de sa composition. Cela va de quelques mois à deux ans. Votre compost est prêt à être utilisé quand il ressemble à un beau terreau bien noir. Des activateurs de compost peuvent toutefois être achetés dans le commerce pour accélérer le processus.

Comment fabriquer du compost ? (vidéo)

De nombreux déchets peuvent être recyclés en vue de fabriquer du compost et de le réutiliser en permaculture. Pour un bon compost il est important de mélanger des matières sèches (feuilles) et des matières fraiches (gazon, épluchures). La bonne proportion est 2 volumes de matière fraiche pour 1 volume de sèche. Vous pouvez mettre dans votre compost les produits suivant :

Les déchets ménagers : épluchures de fruits ou de légumes, coquilles d’œuf, marc de café…

les déchets de la maison : cendres, journaux (uniquement en noir et blanc)

Les déchets de jardin : tontes de gazon, mauvaises herbes, etc.

Il faut en revanche proscrire tout ce qui est non biodégradable (plastique, métal, verre) bien sûr. Evitez aussi les restes de viande ou les croutes de fromages qui attireront les rongeurs. N’y mettez pas non plus les déchets issus des plantes malades ou facilement atteintes par les maladies comme les rosiers ou les fruitiers par exemple. Et enfin ne mettez pas les herbes indésirables qui sont en fleurs ou en graines, au risque de les propager dans le jardin quand vous y étalerez votre compost.

Pensez à brasser votre compost de temps en temps pour l’aérer et accélérer sa décomposition. S’il est trop sec, il faudra l’arroser un peu car il a besoin d’humidité pour bien fonctionner. Ne le détrempez pas non plus car vous risquez alors de lessiver les éléments nutritifs.

À noter : contrairement à une idée reçue, un compost bien fait ne sent pas mauvais. Il sent bon l’humus et le champignon !

Améliorer son sol avec des engrais verts

On appelle « engrais verts » certaines plantes cultivées au jardin, non pour être récoltées et consommées, mais pour leur capacité à améliorer la fertilité du sol et donc à nourrir les autres plantes du potager.

Définition et avantages des engrais verts en permaculture

Les engrais verts sont particulièrement utiles pour améliorer le sol en permaculture. Semés avant ou après les cultures, les engrais verts permettent dans un premier temps de ne jamais laisser le sol nu. Ils sont ensuite à faucher et laisser à se décomposer sur place.

Leurs avantages sont multiples :

Durant leur croissance, leurs racines participent à l’aération du sol, essentielle pour sa fertilité et sa perméabilité.
Certains engrais verts possèdent la capacité de fixer l’azote de l’air dans le sol, en nourrissant ainsi les autres plantes.
D’autres engrais verts réussissent à assimiler le potassium et le phosphore présents dans les particules rocheuses du sol avant de les libérer lors de leur décomposition.

On retrouve là 3 éléments essentiels à la croissance des plantes. Pour résumer :

- L’azote va favoriser le développement du bois et des feuilles
- Le phosphore va faciliter la croissance des racines
- La potasse favorise la mise à fleur et par conséquent la fructification.

Ce sont ces 3 éléments que l’on retrouve sous la célèbre appellation NPK dans les engrais du commerce (N : azote, P : phosphore, K : potasse). À noter : si les engrais verts améliorent efficacement le sol en permaculture, la rotation des cultures reste une technique recommandée !

La rotation des cultures (vidéo)

Quelques exemples d’engrais verts

On distingue deux grandes familles d’engrais verts, les Fabacées (ex Légumineuses) qui fixent l’azote : féverole, vesce, trèfle, luzerne, lupin… Les Brassicacées (ex Crucifères) qui libèrent phosphore et potassium : moutarde, colza, navette… La phacélie est également très appréciée pour sa facilité de culture, sa croissance rapide (idéale pour couvrir le sol en permaculture), mais aussi pour ses fleurs très mellifères.

Des questions ?

Vous avez des questions concernant vos projets de jardinage en permaculture ? N’hésitez pas à nous contacter !

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